À titre d’illustration, dans le bassin de production Nord-Picardie et selon la durée du cycle, les besoins varient de 160 à 255 kg N/ha pour la pomme de terre fécule, de 35 à 230 kg N/ha pour la pomme de terre de consommation, de 10 à 190 kg N/ha en chair ferme et de 0 à 140 kg N/ha pour la grenaille. Les besoins ne sont pas directement proportionnels au rendement mais indirectement à travers la durée du cycle.
L'azote: des formes, les besoins et le fractionnement les apports
Formes d'azote
Deux formes d'azote sont principalement utilisées, l'ammonitrate et la solution azotée. En voici leurs principales caractéristiques.
Choisir l’ammonitrate
L’apport d’azote sous forme nitrique et ammoniacale le rend immédiatement utilisable et disponible dans la durée, même par temps froid et humide. L’utilisation d’un engrais de qualité est toujours recommandée pour éviter que trop d’ammonium réduise le pH de la zone racinaire et favorise ainsi l’apparition du rhizoctone. L’équilibre des formules d’ammonitrate Yara les rend peu sensibles à la perte d’azote par volatilisation ammoniacale.
À partir de la tubérisation, l’azote sous forme de nitrate présente plusieurs avantages spécifiques pour la fertilisation entre les rangs. Il améliore l’absorption des cations tels que le calcium, le potassium et le magnésium, ce qui entraine une augmentation du poids spécifique. L’absorption des éléments nutritifs est optimale pendant la croissance des tubercules. A ce stade, le nitrate est la source principale et essentielle d’azote pour obtenir un rendement et une qualité élevés.
La solution azotée
Elle peut subir des pertes par volatilisation ammoniacale si elle n’est pas incorporée au sol lors d’apports en couverture. Ces pertes dépendront du sol et des conditions climatiques au moment de l’apport, mais dans les cas de sols secs, d’absence de pluie, de conditions venteuses, de couvert peu développé et de pH élevé ou sol calcaire, elles peuvent être élevées. Par contre, si la solution azotée est incorporée au sol (localisation, buttage) ou bénéficie de pluie après l’apport, ces pertes sont fortement réduites.
Les critères à prendre en compte pour la dose d'azote
Les besoins en azote de la pomme de terre dépendent de trois facteurs : le type de production (consommation, chair ferme, fécule, grenaille), la longueur du cycle de la culture, c’est-à-dire la durée entre plantation et défanage ou récolte en vert, etla zone géographique. Des modulations des besoins sont également possibles en fonction des spécificités de certaines variétés selon les recommandations locales.
Une méthode de calcul précise : le bilan prévisionnel
La méthode du bilan prévisionnel Comifer est aujourd’hui la méthode de référence du raisonnement de la fertilisation azotée.
Cette méthode vise à couvrir les besoins de la culture en prenant en compte tous les postes de fournitures d’azote par le sol, puis en équilibrant besoins et offres par la fumure minérale.
Il est donc possible de calculer la dose d’azote minéral (X) qui s’obtient selon l’équilibre suivant :
X = (Pf + Rf) – (Ri + Mr + Mrci + Mh +Mhp + Nirr) – Xa
- Pf : le besoin de la culture
- Rf : l’azote minéral du sol inutilisable par la culture
- Ri : la quantité d’azote minéral disponible dans le sol à la plantation
- les différentes sources de minéralisation du sol, considérées sur la durée du cycle de la culture :
- Mh : minéralisation de l’humus du sol
- Mr : minéralisation des résidus de culture
- MrCi : surplus de minéralisation lié aux Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrate
- Mhp : effet liée à un éventuel retournement de prairie
- Nirr : l’azote apporté par l’eau d’irrigation
- Xa : l’effet direct des apports d’effluents organiques
Le raisonnement de la fertilisation s’appuie sur les travaux réalisés par Arvalis-Institut du Végétal et repris par le Comifer à travers l’application de la méthode du Bilan Prévisionnel.
Pour le raisonnement complet de la dose d’azote sur pomme de terre, il convient de se référer aux recommandations du Comifer et aux arrêtés régionaux.
Fractionner les apports pour optimiser la nutrition
Il a été observé que fractionner les apports en azote sur les cultures de pomme de terre favorisait le rendement, car la nutrition des cultures est mieux contrôlée. Voici tout ce qu'il faut savoir pour mettre en place cette technique.
Les apports d’azote
Lorsque la quantité d’azote qui doit être apportée est faible et que le reliquat (Ri - méthode Comifer) est élevé, apporter la dose totale à la plantation est une approche pertinente.
Si par contre la dose est importante, le fractionnement de l’apport d’azote devient la technique à privilégier.
Les avantages du fractionnement
En fractionnant les apports d’azote, on observe des augmentations de rendements.
Ils sont attribués à un meilleur contrôle de la nutrition qui maintient une couverture foliaire optimale pendant plus longtemps.
Deux types de fractionnement
- 50 % à la plantation puis 50 % à la levée ou 2/3 à la plantation puis 1/3 à l’initiation des tubercules.
- Approche « pilotage – outil de diagnostic » : retenir 40 kg N/ha sur la dose totale prévue cet apport sera réalisé ou non selon le diagnostic de nutrition azotée réalisé grâce au Yara N-Tester dans la période 30 à 60 jours après levée, conformément à la méthode de pilotage mise au point avec Arvalis-Institut du Végétal.
Par ailleurs, le fractionnement sera privilégié dans les sols filtrants afin d’éviter les pertes par lessivage des nitrates en cas de risque de forts épisodes pluvieux à la plantation.
La localisation à la plantation
La localisation de l’engrais à la plantation combinée ou non avec un apport de phosphore présente différents intérêts.
Dans le cas de plantations en buttes, il convient de placer l’engrais environ 5 cm sous le plant et 5 à 10 cm sur le coté de la ligne de plantation.
Dans le cas de plantations en billons, on privilégiera la répartition suivante : 25 % de l’apport sur les rangs latéraux et 50 % sur le rang central tout en veillant à un positionnement de 10 cm sous le rang et 10 cm latéralement afin d’éviter tout risque lié à la salinité de l’engrais apporté.
La localisation, puisqu’elle incorpore dans le sol, demeure un moyen efficace de limiter les pertes d’azote par volatilisation ammoniacale pour les formes d’azote les plus sujettes à ce phénomène : solution azotée, urée ou sulfate d’ammoniaque. La précision de la fertilité azotée est meilleure et son impact environnemental est diminué.
D’autres voies alternatives pour le fractionnement
Le recours partiel aux apports par voie foliaire est possible
La ferti-irrigation ou fertigation avec 1/3 de la dose apportée à la plantation puis 2/3 de la dose apportée régulièrement avec l’eau d’irrigation à partir de 80 % d’émergence.
Le choix des formes d’azote
Les deux formes d’azote les plus utilisées sur pomme de terre sont l’ammonitrate et la solution azotée.
D’un point de vue agronomique, lors d’apports en couverture non incorporés au sol, la solution azotée peut subir des pertes par volatilisation ammoniacale qui dépendront du sol et des conditions climatiques au moment de l’apport.
Ces pertes sont augmentées dans le cas d’un sol sec, d’absence de pluie, de conditions venteuses, de couvert peu développé et de pH élevé ou sol calcaire.
Si la solution azotée est incorporée au sol (localisation, buttage) ou bénéficie de pluie après l’apport, ces pertes sont fortement réduites.
La forme ammonitrate (YaraBela Extran 33.5 ou 27) est très peu soumise à ces pertes.